Obstiné comme les pères fondateurs

Si Jean Kahn était encore parmi nous, il serait certainement convaincu que les difficultés actuelles de l’Union Européenne peuvent être surmontées à condition de montrer l’obstination de ses pères fondateurs. Tel était le cas de Sir Winston Churchill (1874-1965), auquel le jeune Jean Kahn adressa brièvement la parole à Strasbourg en 1949, au moment de la naissance du Conseil de l’Europe.  Tout à la fois patriote français et européen convaincu, Jean Kahn savait parfaitement que l’un des moyens d’éviter des conflits armés sur notre continent était de procéder au rapprochement et à l’union de ses peuples.

De telles visions menèrent Jean Kahn à la présidence du Congrès juif européen en 1991. Il conduisit aussi, à l’orée des années 2000, l’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes, dont le siège social se trouvait à Vienne (Autriche). En 2002, cette structure accueillait la première remise du prix qui porte le nom de Jean Kahn.  L’engagement de Jean Kahn en faveur du développement de l’Union Européenne venait de sa conscience de l’unicité du genre humain et de ses racines alsaciennes. Il comprit de bonne heure que Strasbourg, sa ville natale, était alors le lieu idéal de la réconciliation franco-allemande après 1945. Il fut encouragé, en ce sens, par l’exemple de Pierre Pflimlin (1907-2000), Maire de Strasbourg et premier président du Parlement européen. Jean Kahn entretint également des relations suivies avec Roman Herzog (1934-2017), le septième président de la République fédérale d’Allemagne.

D’autres rencontres accentuèrent cette tendance. Il y eut celle avec Catherine Trautmann, Maire de Strasbourg entre 1989 et 2001, comme députée européenne.  Il y eut les actions entreprises par le président de la République François Mitterrand (1916-1996), notamment interpellé par les phénomènes de la Réunification allemande et de la chute du Mur de fer.  Il y eut l’amitié intense avec Jacques Chirac qui, devenu chef de l’État, soutint l’intégration européenne et  eut le bon sens de la Realpolitik : faire entendre la voix de l’Union Européenne dans le monde …